Château Croix Ducru Beaucaillou - Saint-Julien 2018
Le soleil a, du 1er juillet au 10 octobre, littéralement baigné l’ensemble de l’été 2018 (35 jours à plus de 30° C et 6 à plus de 35° C).
En y ajoutant le labeur acharné de nos équipes, nous touchons, avec ce millésime, à l’exception.
En termes de pluviométrie, Saint Julien a été privilégié. En effet, du 1er novembre 2017 au 31 octobre 2018, la commune affiche un déficit de (-) 75 mm par rapport à la moyenne trentenaire et sur la seule période végétative (mi-avril à mi-octobre), (-) 39 mm de pluie avec notamment une sécheresse marquée en Août et Septembre. Cet avantage climatique se retrouve clairement dans les vins.
En fin de cycle, les quelques gouttes du 6, 21, 23 et 27 septembre, insuffisantes pour déclencher le botrytis, achèvent le parfait murissement du raisin.
Les vendanges se positionnent à 120 (et parfois sur certaines parcelles jusqu’à 130) jours après la floraison. Elles se caractérisent par des maturités pleinement accomplies, un état sanitaire impeccable, des baies toutes petites (0,80/0,9 g sur les Cabernet-Sauvignons ; 0,9 à 1,00 sur les Merlots ; 0,6 à 0,7 sur les Petit Verdots), des peaux épaisses et une maturité des pépins idéale (noisette) permettant des débuts de vinifications raisonnablement débridées.
Jamais – me semble-t-il – nous n’avons ramassé des Cabernet-Sauvignons avec un tel niveau de maturité. Les Merlots de leur côté sont d’une très rare constitution.
Quant aux Petit-Verdots – que nous retrouvons toutefois dans le seul La Croix Ducru-Beaucaillou – ils sont carrément historiques.
L’ensemble est très réjouissant : concentration, richesse, onctuosité, alliées dans un très bel équilibre grâce à une bonne acidité et un niveau d’alcool en cohérence.
Alors que les chiffres pourraient nous inviter plus loin au Sud, ce ne sont en aucun cas, des « vins d’ailleurs ». Au-delà de la puissance, ils ont gardé beaucoup de fraîcheur, énormément de fruit. Ces vins sont indéniablement Saint-Julien, résolument Ducru-Beaucaillou.
Tout ici est harmonieusement contrebalancé, raison pour laquelle nous pouvons sans doute parler de ce millésime comme d’un authentique chef d’oeuvre. En fait, c’est – pour moi – un millésime « BOULEVERSANT ».
Bouleversant à deux titres :
Sur le plan émotionnel : à la dégustation une boule qui explose en bouche puis se déverse en vous, irrigant l’ensemble de votre corps, initiant des frissons incroyables, inconnus, provoquant la chair de poule jusqu’à l’extrémité de vos membres.
Sur le plan référentiel : il s’agit d’un nouveau « mètre-étalon ». Un nouveau référentiel. Après lui, comme ce fût le cas pour les millésimes référents tels : 1945 ou 1961, rien désormais ne sera plus comme avant !